Traitement [modifier]
Dans les rares cas où une cause est trouvée, le traitement de cette dernière peut entraîner parfois la guérison de l' HTA (en retirant chirurgicalement un adénome de Conn par exemple).
Le traitement repose sur la compréhension des mécanismes physiopathologiques de régulation de la tension artérielle.
Le traitement de l'hypertension artérielle vise à la normalisation des chiffres tensionnels, afin d'en prévenir les complications. Cette prévention, par certains médicaments, et sur des critères de morbimortalité, a été prouvée par des essais pour des seuils de 160/95 mmHg (140/80 mmHg chez les diabétiques ou après un avc). Il n'existe pas de preuve pour justifier un traitement pour des seuils plus bas.
Plusieurs moyens sont à la disposition du praticien.
Les règles hygiéno-diététiques (relatives à l’hygiène de vie et aux habitudes alimentaires) [modifier]
Elles peuvent parfois suffire à normaliser la tension artérielle et doivent toujours être proposées :
* Perte de poids, en cas de surcharge pondérale[12] ;
* Le cas échéant, suppression de la réglisse;
* Diminution de la consommation de sel[13] et d'alcool :
o Eviter la salière sur la table, les salaisons, les plats cuisinés ;
o limiter l'alcool (2 verres de vin par jour chez l'homme, 1 verre chez la femme).
* Augmenter la consommation de fibres alimentaires et diminuer celle des graisses[14] ;
* Lutte contre les facteurs de risque associés (tabac, cholestérol, diabète, sédentarité) ;
* Utiliser une pilule faiblement dosée en œstrogènes ;
* Chez les neurotoniques, éviter le thé, le café,associer éventuellement la relaxation;
* Mener si possible une vie calme et régulière, en respectant les heures de sommeil ;
* Recommandation de la pratique d'exercices physiques[15] : une activité physique aérobique régulière (au moins 30 minutes tous les jours).
Le traitement médicamenteux [modifier]
Le bénéfice des traitements médicamenteux antihypertenseurs chez les patients hypertendus, sans complication cardiovasculaire, est modeste : réduction de 2 à 10 AVC / 1000 patients traités pendant 2 à 6 ans, réduction de 2 à 5 infarctus du myocarde / 1000 patients traités pendant 2 à 6 ans[16].
Il est donné à vie. Il doit être, idéalement, simple, efficace et bien toléré. Il doit être naturellement expliqué au patient. La multiplicité des médicaments implique qu'aucun n'est parfait. Le choix est fait par le médecin en fonction du type d'hypertension, des maladies associées, de l'efficacité et de la tolérance des différents produits. Il est courant qu'il soit nécessaire d'essayer successivement plusieurs médicaments avant de trouver celui qui convient au patient traité.
En première intention (c'est-à-dire, le patient n'ayant jamais été traité), le médecin peut choisir une molécule à une dose conventionnelle (monothérapie) ou deux molécules à petites doses (bithérapie).
En cas d'inefficacité (ou d'efficacité insuffisante), on peut, soit poursuivre une monothérapie avec une autre classe de médicaments, soit faire une bithérapie à pleine dose. Il faut noter cependant que la première cause d'inefficacité reste la prise irrégulière ou l'absence de prise du médicament prescrit (mauvaise observance)[17].
Si l'HTA est sévère, on peut être amené à prendre trois, voire plus, classes de molécules différentes. L'inefficacité d'un traitement comportant trois médicaments de trois classes différentes definie l'« hypertension artérielle résistante »
Parmi les antihypertenseurs, on distingue :
Les diurétiques [modifier]
Ils agissent par élimination, via l'urine, d’une partie de l’eau et du sodium contenus dans le sang : ceci induit une diminution du volume sanguin et donc une baisse de la tension artérielle. Exemple de diurétiques : le furosémide et l'amiloride. Ce dernier, bien que d'efficacité moindre, prévient la perte de potassium, et est indiqué dans certains tableaux cliniques.
Les bêta-bloquants [modifier]
Les bêta-bloquants agissent principalement en réduisant l'activité des catécholamines sur le cœur et en diminuant la sécrétion de rénine. Ils sont particulièrement indiqués en cas de cardiopathie ischémique associée.
Chez l'hypertendu, il est préférable de faire appel aux molécules dites sélectives (bisoprolol, nébivolol) qui présentent moins d'effets secondaires.
Il faut respecter les contre-indications (absolues chez l'hypertendu) : asthme, troubles sévères de la conduction, acrosyndrome (doigts bleus et douloureux au froid)
Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion [modifier]
Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IECA, IEC) combattent la stimulation du système rénine-angiotensine-aldostérone et réduisent les taux circulants d'angiotensine II et d'aldostérone. Les IEC vont donc réduire la vasoconstriction normalement induite par l'angiotensine II ainsi que la réabsoption de l'eau normalement provoquée par l'action de l'aldostérone sur le rein. Ils entrainent donc une vasodilatation ainsi qu'une diminution de la volémie. Par ailleurs, ils empêchent la dégradation de la bradykinine, substance vasodilatatrice. Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion sont d'autant plus efficaces que le système rénine-angiotensine-aldostérone est stimulé : de fortes chutes de pression peuvent ainsi s'observer dans certaines circonstances : déplétion sodée préalable (manque de sodium dans le sang), rétrécissement de l'artère rénale.
De bons résultats sont notamment obtenus en utilisant des doses faibles d'inhibiteurs de l'enzyme de conversion, associées à un régime hyposodé, voire à des doses faibles de diurétique (ces derniers augmentant la fuite de sodium dans les urines et stimulant ainsi le système rénine-angiotensine-aldostérone).
Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion sont contre-indiqués en cas de grossesse et chez les patients consommant :
* des sels de potassium,
* des immunosuppresseurs ou
* du lithium.
Les antagonistes de l’angiotensine II [modifier]
Les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA-II ou sartans) sont une classe thérapeutique relativement nouvelle qui suscite un grand intérêt par sa très bonne tolérance et un mécanisme d’action original (blocage direct des récepteurs de l’angiotensine II). Ils ont des effets très proches de ceux des IEC (mais sans blocage de la dégradation de la bradykinine).
Les inhibiteurs calciques [modifier]
Les inhibiteurs calciques réduisent le tonus des artères en diminuant les capacités vasoconstrictrices (calcium-dépendant) des fibres musculaires lisses artérielles en inhibant le transfert transmembranaire du calcium.
Autres antihypertenseurs [modifier]
Ils sont plutôt utilisés comme traitement d'appoint.
1. Les antihypertenseurs centraux
1. Les alpha-stimulants centraux : Ils diminuent le tonus sympathique vasoconstricteur. Leurs effets indésirables en limitent leur emploi (sécheresse de la bouche, somnolence, hypotension orthostatique, nausées...).
2. Les alpha-bloquants périphériques
3. Les vasodilatateurs
Cas de l'hypertension résistante [modifier]
Elle est définie par une hypertension artérielle non maitrisée malgré la prise d'au moins trois médicaments de trois classes différentes et comprenant au moins un diurétique, le tout, à des doses adaptées[18]. La prévalence est d'environ 5% dans la population générale mais peut monter jusqu'à 50% dans des consultations spécialisées[19]. D'autres données font état de chiffres bien supérieurs[20].
Le pronostic est alors sensiblement plus mauvais que pour une HTA stabilisée[21].
Avant de porter le diagnostic d'hypertension résistante, il convient d'éliminer un « effet blouse blanche » ainsi qu'une mauvaise observance du traitement, situation très fréquente (jusqu'à 50% des cas dans quelques études[22])
Le traitement en reste difficile et incertain. L'utilisation des diurétiques à doses croissantes reste essentielle[23] mais peut être limitée par l'apparition d'une insuffisance rénale.
Les « recommandations » [modifier]
Plusieurs sociétés savantes ont publiés des « recommandations » (ou « guidelines » en anglais) sur la prise en charge de l'hypertension artérielle. Les recommandations américaines en sont à la septième version (JNC1 datant de 1976 jusqu'au JNC7[18] publiées en 2003).
La Société Européenne de Cardiologie a publié en juin 2007 ses propres recommandations[24].
Voir aussi [modifier]
* Pression Artérielle
* Hypotension Artérielle
Notes et références [modifier]
1. ↑ Kearney PM, Whelton M, Reynolds K, Muntner P, Whelton PK, He J, « Global Burden of hypertension : analysis of worldwide data », The Lancet, 15 janvier 2005, Vol. 365, No 9455, 217-23. PMID: 15652604 [archive]
2. ↑ MM Lawes C, Vander Hoorn S, Rodgers A, Global burden of blood-pressure-related disease, 2001 [archive], Lancet, 2008;371:1513-1518
3. ↑ Prise en charge de l'HTA essentielle et du niveau de risque cardiovasculaire : Enquête nationale PHENOMEN, Mounier-Vehier C, Amah G, Covillard J, Arch Mal Cœur Vaiss, 2002;95;667-72
4. ↑ Statistique de l'assurance maladie, Hypertension artérielle et facteurs de risque associés : évolution des traitements entre 2000 et 2006 [archive], octobre 2007
5. ↑ a b Selon la revue Prescrire n°278 déc. 2006, le concept de préhypertension artérielle est inutile aux soins. Le risque cardiovasculaire augmente à partir du seuil de 115/75 mmHg, mais les seuils de tension artérielle pour lesquels la balance bénéfices – risques de certains traitements est favorable est 160/95 mmHg chez les patients sans diabète ni complications, et 140/80 mmHg chez les patients diabétiques ou ayant eu un accident vasculaire cérébral
6. ↑ Brown MA, Buddle ML, Martin A, Is resistant hypertension really resistant? [archive], Am J Hypertens, 2001;14:1263–1269
7. ↑ Calhoun DA, Jones D, Textor S et Als. Resistant hypertension: Diagnosis, evaluation, and treatment. A scientific statement from the American Heart Association Professional Education Committee of the Council for High Blood Pressure Research [archive], Circ, 2008;117:e510-e526
8. ↑ Extrait du dossier santé "L'Hypertension Artérielle" de
www.gsk.fr 9. ↑ a b c "Macrophages regulate salt-dependent volume and blood pressure by a vascular endothelial growth factor-C-dependent buffering mechanism", Machnik, Neuhofer, Jantsch, Dahlmann, Tammela, Machura, Park, Beck, Müller, Derer, Goss, Ziomber, Dietsch, Wagner, van Rooijen, Kurtz, Hilgers, Alitalo, Eckardt, Luft, Kerjaschki & Titze - Nature Medecine (Résumé de l'article [archive])
10. ↑ Selon les travaux du professeur Pierre Menneton, chercheur à l’Inserm. Voir Le sel amer [archive] Sel et hypertension [archive] et Moins de sel dans nos assiettes ! [archive]
11. ↑ Publication scientifique dans "Progress in Cardiovascular Diseases", reprise dans "Les méfaits du sel confirmés", Le Point, 9 novembre 2006 [archive]
12. ↑ Horvath K, Jeitler K, Siering U et Als. Long-term effects of weight-reducing interventions in hypertensive patients, systematic review and meta-analysis [archive], Arch Int Med, 2008;168:571-580
13. ↑ He FJ, Markandu ND, MacGregor GA, Modest salt reduction lowers blood pressure in isolated systolic hypertension and combined hypertension [archive], Hypertension, 2005;46:66–70
14. ↑ Appel LJ, Moore TJ, Obarzanek E et Als. A clinical trial of the effects of dietary patterns on blood pressure. DASH Collaborative Research Group [archive], N Engl J Med, 1997;336:1117–1124
15. ↑ Whelton SP, Chin A, Xin X, He J, Effect of aerobic exercise on blood pressure: a meta-analysis of randomized, controlled trials [archive], Ann Intern Med, 2002;136:493–503
16. ↑ Revue Prescrire, n°293, mars 2008
17. ↑ Yiannakopoulou ECh, Papadopulos JS, Cokkinos DV, Mountlkalakis TD, Adherence to antihypertensive treatment: a critical factor for blood pressure control [archive], Eur J Cardiovasc Prev Rehabil, 2005;12:243–249
18. ↑ a b Recommandantions américaines (en anglais) sur la prise en charge de l'hypertendu : JNC7 [archive]
19. ↑ Kaplan NM, Resistant hypertension [archive], J Hypertens, 2005;23:1441–1444
20. ↑ Wolf-Maier K, Cooper RS, Kramer H et als. Hypertension treatment and control in five European countries, Canada, and the United States [archive], Hypertension, 2004;43:10–17
21. ↑ Calhoun DA, Jones D, Textor S et als. Resistant hypertension: diagnosis, evaluation, and treatment: A scientific statement from the American Heart Association Professional Education Committee of the Council for High Blood Pressure Research [archive], Circulation, 2008;117:e510–e526
22. ↑ Vrijens B, Vincze G, Kristanto P, Urquhart J, Burnier M, Adherence to prescribed antihypertensive drug treatments: longitudinal study of electronically compiled dosing histories [archive], BMJ, 2008;336:1114–1117
23. ↑ Sarafidis PA, Bakris GL, Resistant hypertension: An overview of evaluation and treatment [archive], J Am Coll Cardiol, 2008;52:1749-1757
24. ↑ 2007 guidelines for the management of arterial hypertension [archive]