Accroissements
respectifs du PNB (en vert) et de la dette US (en rouge) (en Milliards
USD) - Sources : US Federal Reserve / US Bureau of Economic Analysis /
Chris Puplava, 2008Intoxiqués par les financiers, les
dirigeants politiques de la planète vont à nouveau avoir la surprise
après l’été de découvrir que tous les problèmes de l’année passée vont
resurgir, démultipliés, car ils n’ont pas été traités, mais juste
« enfouis » sous des masses immenses d’argent public. Une fois cet
argent dilapidé par des banques insolvables, forcées à « sauver » des
concurrents en pire état qu’elles-mêmes, ou dans des plans de
stimulation économique mal conçus, les problèmes ressortent aggravés.
Pour des centaines de millions d’habitants d’Amérique, d’Europe, d’Asie
et d’Afrique, l’été 2009 va être une terrible transition vers un
appauvrissement durable du fait de la perte de leur emploi sans
perspective d’en retrouver un avant deux, trois ou quatre années ; ou
du fait de l’évaporation de leurs économies placées directement en
bourse, dans des fonds de retraite par capitalisation ou des placements
bancaires liés à la bourse ou libellés en Dollar US ou en Livre
britannique ; ou bien du fait de leur investissement dans des
entreprises poussées à attendre désespérément une embellie qui ne
viendra pas avant longtemps.
[
1]
Pas même de reprise sans emplois (« jobless recovery ») comme essayent
de nous le vendre nombre d’experts. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en
zone Euro, au Japon, ce sera une reprise sans reprise (« recoveryless
recovery »), une pure invention destinée à essayer de faire
re-consommer des consommateurs américains ou britanniques insolvables
et à faire patienter le plus longtemps possible les pays acheteurs de
Bons du Trésor US et de Gilts britanniques (avant qu’ils ne décident
qu’il n’y a plus d’avenir pour leurs produits aux pays du Dollar et de
la Livre).
[
2] Les «
vagues scélérates »
sont des vagues océaniques très hautes, soudaines et qui étaient
considérées comme très rares, même si aujourd’hui on sait qu’elles
apparaissent au cours de pratiquement toutes les tempêtes d’une
certaine importance. Les « vagues scélérates » peuvent atteindre des
hauteurs de crête à creux de plus de 30 mètres et des pressions
phénoménales. Ainsi, une vague normale de 3 mètres de haut exerce une
pression de 6 tonnes/m². Une vague de tempête de 10 mètres de haut peut
exercer une pression de 12 tonnes/m². Une vague scélérate de 30 mètres
de haut peut exercer une pression allant jusqu’à 100 tonnes/m². Or,
aucun navire n’est conçu pour résister à une telle pression. Il existe
aussi le phénomène des « trois sœurs ». Il s’agit de trois « vagues
scélérates » successives et d’autant plus dangereuses, car un bateau
qui aurait eu le temps de réagir correctement aux deux premières,
n’aurait en aucun cas les possibilités de se remettre dans une position
favorable pour affronter la troisième. Selon LEAP/E2020, c’est à un
phénomène de ce type que le monde va être confronté cet été ; et aucun
état (navire) n’est en position favorable pour les affronter, même si
certains sont plus en danger que d’autres comme l’anticipe ce GEAB N°36.
[
3]
LEAP/E2020 considère que ses anticipations sur l’évolution
socio-économique des différentes régions du monde publiées dans le GEAB
N°28 (15/10/2008) sont toujours pertinentes.
[
4]
Ou, plus exactement, dans chacune des régions, la dégradation de la
situation ne pourra plus être masquée par des artifices médiatiques et
boursiers.
[
5]
Il sera d’ailleurs intéressant, en matière de statistiques économiques
américaines, de suivre les conséquences de la révision par le
Bureau of Economic Analysisdes classifications et processus de calcul qui interviendra le
31/07/2009. En général, ce type de révisions a pour résultat de rendre
plus complexe les comparaisons historiques et de modifier dans un sens
favorable les statistiques importantes. Il suffit pour s’en rendre
compte de constater comment les révisions précédentes ont permis de
diminuer par 3 en moyenne le niveau d’inflation mesuré. Source :
MWHodges, 04/2008.
[
6]
Les lecteurs du GEAB n’auront pas manqué de constater que ce sont
exactement les mêmes personnes, médias et institutions qui, il y a 3
ans, trouvaient que tout allait pour le mieux dans le meilleur des
mondes ; il y a 2 ans, qu’il n’y avait aucun risque de crise grave ; et
il y a un an, que la crise était sous contrôle. Donc des avis d’une
très grande fiabilité !
[
7]
Sauf au niveau régional, où chaque entité politique s’organise à sa
manière. Ainsi, profitant de l’effacement politique du Royaume-Uni
englué dans la crise financière, la crise économique et la crise
politique, l’UE est en train de mettre la City londonienne sous tutelle
(source :
Telegraph,
11/06/2009). L’été 2009 risque ainsi de mettre fin à 300 ans d’histoire
d’une City toute puissante au cœur du pouvoir britannique. A ce sujet,
il faut lire le très instructif article de George Monbiot dans
The Guardian du 08/06/2009 et surtout prendre le temps de lire le brillant essai de John Lanchester publié dans la
London Review of Books du 28/05/2009 et intitulé « It’s finished ».
[
8] D’ailleurs qui se soucie encore des déclarations finales des G8, comme celle du G8 Finance du 13/06/2009 (source :
Forbes,
13/06/2009), à un moment où chacun agit en fait de son côté :
Américains d’un côté, Canadiens et Européens de l’autre, Britanniques
et Japonais au milieu, tandis que les Russes jouent un jeu différent ?
[
9]
La mésaventure arrivée au Secrétaire d’Etat au Trésor américain,
Timothy Geithner lors de son récent discours aux étudiants en économie
de l’université de Shanghai est à ce titre très instructive : le public
de l’amphithéâtre a éclaté de rire lorsqu’il s’est mis à expliquer
doctement que les Chinois avaient fait un bon choix en investissant
leurs avoirs en Bons du Trésor et en Dollars US (source :
Examiner/Reuters,
02/06/2009) ! Or il n’est rien de pire pour un pouvoir établi que de
susciter l’ironie ou le ridicule car la puissance n’est rien sans le
respect (de la part à l’ami autant que de l’adversaire), surtout quand
celui qui se moque est censé être « piégé » par celui qui est moqué.
Cet éclat de rire vaut, selon LEAP/E2020, de longues démonstrations
pour indiquer que la Chine ne sent pas du tout « piégée » par le Dollar
US et que les autorités chinoises savent désormais exactement à quoi
s’en tenir sur l’évolution du billet vert et des T-Bonds. Cette scène
aurait été impensable il y a seulement douze mois, peut-être même il y
a seulement six mois, d’abord parce que les Chinois étaient encore
dupes, ensuite parce qu’ils pensaient qu’il fallait continuer à faire
croire qu’ils étaient toujours dupes. Visiblement, à la veille de l’été
2009, cette préoccupation a disparu : plus besoin de feindre désormais
comme l’indique ce sondage de 23 économistes chinois publié le jour de
l’arrivée de Timothy Geithner à Pékin qui jugent les actifs américains
« risqués » (source :
Xinhuanet, 31/05/2009). Les mois à venir vont résonner de cet éclat de rire estudiantin…
[
10]
Et il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que les actionnaires seront
systématiquement lésés par l’état sous prétexte de l’intérêt collectif
supérieur, comme le montrent les pertes des fonds de pension qui
avaient investi dans les actions de Chrysler ou GM, ou les pressions de
la Fed et du gouvernement US sur Bank of America pour qu’elle cache à
ses actionnaires l’état désastreux de Merrill Lynch au moment de son
rachat. Sources :
OpenSalon, 10/06/2009 /
WallStreetJournal,
23/04/2009. Au Royaume-Uni, en Europe et en Asie, les mêmes causes
produiront les mêmes effets. La « raison d’état » est depuis toujours
l’excuse la plus simple pour justifier toutes les spoliations. Et les
crises graves sont propices pour invoquer la « raison d’état ».
[
11]
En Allemagne, un problème similaire se pose du fait de l’élection
nationale de Septembre prochain. Après l’élection, les problèmes
bancaires du pays feront la une des médias, avec plusieurs centaines de
milliards d’actifs à risque dans les bilans des banques notamment
régionales. On est loin de l’ampleur des problèmes des banques US ou
britanniques, mais Berlin va sans aucun doute devoir faire face à des
faillites potentielles. Source :
AFP/Google,
25/04/2009. Et aux Etats-Unis, les banques aidées par l’état fédéral
ont tout simplement diminué leurs prêts à l’économie alors qu’elles
étaient censées faire le contraire. Source :
CNNMoney, 15/06/2009
[
12] Sources :
Financial Times, 01/06/2009 ;
YahooFinance, 04/06/2009 ;
StreetInsider+Holdings/4656921.html] , 15/05/2009 ;
Financial Times, 01/06/2009