[
1]
Si l’ensemble des réserves chinoises est évalué désormais à environ
2.000 milliards USD, la part d’actifs libellés en Dollars US n’est au
maximum que de 70%, ce qui donne environ 1.400 milliards USD. Le reste
consiste essentiellement en actifs libellés en Euros.
[
2]
N’oublions pas que ce sont en général les mêmes « experts » qui
prédisaient ces dernières années que l’économie mondiale bénéficierait
de la suppression de la régulation des banques, que l’économie de
l’Internet ouvrait la voie à une croissance sans fin, que les déficits
américains étaient un signe de force, que les prix de l’immobilier US
n’arrêteraient pas de monter et enfin que s’endetter sans restrictions
était la forme moderne d’un enrichissement durable.
[
3]
Le message sur le nécessaire changement de devise internationale de
référence que Pékin a adressé au monde entier, et aux autorités
américaines en particulier, à la veille du sommet du G20 de Londres
n’était absolument pas un « ballon d’essai » ou une tentative sans
espoir de réussite. Les dirigeants chinois ne se faisaient aucune
illusion sur la probabilité qu’un tel sujet soit discuté au cours de ce
G20. Ils ont voulu imposer ce débat dans les couloirs du sommet afin de
faire passer un message, un avertissement officieux à tous les acteurs
du système monétaire international : pour Pékin, le système Dollar,
c’est fini. Si personne ne veut préparer un système alternatif en
commun, alors, cela se fera autrement. Et leurs actes, analysés dans ce
numéro du GEAB, corroborent cette intention. D’ailleurs, et le hasard
du calendrier politique est une rareté à Pékin, dans la même période
sort un livre, intitulé « La Chine mécontente », qui demande une action
plus volontariste des leaders chinois afin d’imposer leurs choix sur la
scène internationale. Source :
ChinaDailyBBS, 27/03/2009
[
4] Un lien original pour suivre ce chiffre en temps réel :
ChineInformation.
[
5]
C’est en fait Angela Merkel qui a fait preuve de la plus grande
clairvoyance en trouvant le mot juste sur la nature du sommet du G20 à
Londres. Elle a dit que c’était une réunion «
presque historique » ;
et c’est bien le mot « presque » qui résume ce qui s’est passé à
Londres. Les dirigeants du G20 ont « presque » abordé les questions
essentielles ; ils ont « presque » défini un programme commun
d’action ; ils sont « presque » parvenus à lancer de nouvelles
stimulations économiques et une nouvelle régulation financière
mondiale ; ils ont « presque » interdit les paradis fiscaux ; et ils
ont « presque » convaincu » l’opinion publique mondiale. « Presque »,
mais, hélas, pas réellement. Et cela fait une belle différence pour la
suite de la crise.
[
6]
C’est en effet le dilemme du « jeu international » développé dans le
GEAB N°33. A un certain moment, l’intérêt des joueurs qui montent en
puissance est de laisser purement et simplement l’ancien jeu se briser
net pour en reconstruire un qui leur convienne plutôt que de se battre
pour transformer l’ancien jeu via une transition longue et incertaine.
[
7] Notamment l’endettement public à outrance, qui est appelé par Washington et Londres « stimulus économique ».
[
8] Le G20 de Londres s’inscrit directement dans la direction de cette crise de longue durée.
[
9]
A propos de l’UE, l’équipe de LEAP/E2020 souhaite souligner l’inanité
des « analyses » économico-politiques, essentiellement issues
d’éminents économistes et experts proches du Parti démocrate américain,
que relayent actuellement les principaux médias internationaux, et qui
se limitent à reprocher aux Européens … de ne pas faire comme
Washington. Paul Krugman en tête, ces « grands amis » de l’Europe, qui
l’aiment tant qu’ils pensent savoir mieux que les Européens ce qu’elle
doit faire (et aussi ce qu’elle doit être car les mêmes prônent
généralement aussi son extension à la Turquie, voire à Israël et à
l’Asie centrale), feraient mieux de s’occuper de conseiller
efficacement leur propre parti et leur nouveau président pour éviter
l’effondrement de leur pays, car c’est bien de cela qu’il s’agit
désormais. Enfin, et nous n’y reviendrons plus, il est quand même
étonnant qu’un ensemble d’experts qui depuis des années a tant vanté
les mérites d’un système qui aujourd’hui s’effondre sous les yeux de
tous, ose encore donner des leçons au reste du monde. La plus
élémentaire décence lui imposerait, au niveau international, la seule
voie respectable possible : le silence. En tout cas, en Europe, ce
discours, qui a bien entendu toujours ses relais académiques et
journalistiques, ne passe plus car il vient tout droit d’une époque
révolue. Comme le fait d’ailleurs régulièrement remarquer LEAP/E2020,
il est bien évidemment nécessaire et légitime de porter un regard très
critique sur l’UE, ses dirigeants et ses politiques ; mais le faire
avec comme seul critère la conformité ou non aux orientations de
Washington (ou Londres) est désormais inacceptable. Visiblement, à
l’image des financiers qui n’ont pas encore compris qu’une page était
tournée en ce qui concerne leurs stock-options et leurs « parachutes
dorés », nombre d’intellectuels et de politiques n’ont pas encore bien
intégré que leurs références, leurs valeurs et leurs analyses
appartenaient désormais au passé. Qu’ils pensent aux élites du bloc
soviétique … et ils comprendront comment et à quelle vitesse un système
de pensée peut devenir obsolète.
[
10]
Outre la baisse des revenus fiscaux, on assiste dorénavant aux
Etats-Unis à l’extension d’un mouvement de révolte contre l’utilisation
des impôts pour sauver Wall Street et contre l’ampleur des déficits
prévus, qui met en cause l’ensemble de la classe dirigeante américaine.
Sources :
USAToday, 13/04/2009 ;
MarketWatch , 16/04/2009
[
11] Sources :
USAToday, 11/04/2009 ;
MarketWatch , 10/04/2009
[
12]
Ainsi en Californie, les premiers jours d’Avril laissent craindre des
recettes très largement inférieures aux pires prévisions, entraînant un
déficit budgétaire multiplié par deux pour la Californie par rapport
aux prévisions d’il y a seulement quelques mois. Au niveau fédéral, un
processus du même type est en cours, rendant désormais envisageable
selon LEAP/E2020 un déficit fédéral annuel à près de 3.500 Milliards
USD, soit plus de 20% du PNB des Etats-Unis. Source :
CaliforniaCapitol, 08/04/2009
[
13]
L’exemple de ces villes qui, comme Auburn dans la région de Seattle,
doivent interdire leurs grands axes aux poids-lourds faute de moyens
pour les entretenir est éloquent. Source :
SeattleBusinessJournal, 10/04/2009
[
14] Et permettre ainsi d’anticiper les tendances des prochains mois.